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Portraits


Humanités numériques en dialogue


Domenico Paone
Publication :
19/09/2018




Chercheur postdoctoral à l'Institut des textes et manuscrits modernes
Reponsable du projet "Renan Source"
ITEM, UMR 8132, CNRS - ENS Paris


Quel est votre parcours scientifique et technique ? Après des études de philosophie à l’Université de Pise, j’ai soutenu une thèse de doctorat à l’EPHE sur des notes inédites d’Ernest Renan conservés à la BnF. J’ai ensuite entrepris un parcours de recherche à l’ITEM, avec l’objectif d’étudier la genèse des œuvres de Renan à partir de ses manuscrits. C’est dans ce laboratoire que j’ai développé mes compétences en humanités numériques – particulièrement dans le domaine des éditions numériques savantes sur le web – à travers plusieurs séminaires, journées d’études et de formations (la Digital Humanities at Oxford Summer School, entre autres).
Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? bbPuisque je développe une édition numérique savante, les humanités numériques sont mon pain quotidien ! Mais en dehors des outils et des environnements liés à mon projet, j’utilise beaucoup les archives et les bibliothèques virtuelles, qui sont arrivées aujourd’hui à mettre à disposition des chercheurs un nombre impressionnant de textes (Gallica compte environs 4 millions de documents, tous supports confondus ; archive.org, 17 millions de livres ; Google livres, 3 millions ; Persee.fr, 700.000 documents tirés de revues en SHS, modernes et anciennes ; OpenEdition Journals, 490 revues). La possibilité de faire des recherches textuelles (les algorithmes OCR ont fait des pas de géant : on arrive à reconnaître même le Fraktur allemand, chose impossible il y a une dizaine d’années) est évidemment un plus bien utile. Le "web sémantique", finalement, a multiplié les outils pour un accès unifié aux données de la recherche, je pense notamment à Isidore, une sorte d’"hyperbibliographie" que je consulte souvent.
Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? On fera sans doute une plus grande place au crowdsourcing, la production participative de contenus, notamment pour l’encodage et la transcription des sources primaires (textes, manuscrits, documents multimédia). Cela entraînera inévitablement un débat sur la responsabilité éditoriale et, plus en général, sur le circuit de production-diffusion-fruition des données de la recherche. Si les acteurs publics veulent vraiment investir dans l’Open Source, pour en faire le nouveau standard, il faudra repenser les rapports entre les sujets de ce circuit (chercheurs-éditeurs-lecteurs) et résoudre le problème de la continuité et de la permanence sur le long terme des projets en "humanités numériques", aujourd’hui trop souvent liés à des financements extraordinaires et de brève durée.


Projets en humanités numériques

10.57976/digithum.po.pwvh-k680