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Portraits


Humanités numériques en dialogue


Personnel soutien à la recherche
  • Richard Walter
    Ingénieur de recherche CNRS
    Responsable de la plateforme d'édition numérique e-man
    ITEM, UMR 8132, CNRS – ENS Paris
    Les plateformes numériques au service du dialogue interdisciplinaire | 17/11/2017

    DOI : 10.57976/digithum.po.berj-5t62

  • Emmanuelle Sordet & Charlotte Dessaint
    E. Sordet : Conservateur de bibliothèque et directrice des bibliothèques de l'ENS - Responsable de la mission de coordination des HN de l'ENS. C. Dessaint : Ingénieure d'études à la bibliothèque des lettres et sciences humaines de l'ENS - Responsable de la bibliothèque numérique
    Préserver, diffuser, valoriser : la bibliothèque comme centre des HN ? | 20/11/2017

    DOI : 10.57976/digithum.po.6km9-0t15

  • Julien Cavero
    Ingénieur contractuel à l'ENS
    Cartographe au pôle Humanités Numériques du labex TransferS
    ENS Paris
    Un regard spatial sur les données | 21/11/2017

    À propos Géographe de formation, titulaire d’un master 2 en archéologie et paléoenvironnements, complété d’une spécialisation en cartographie et Système d’Information Géographique, Julien Cavero travaille depuis 2007 pour différents programmes de recherche en sciences humaines et sociales. Responsable SIG du Projet Collectif de Recherche sur les ports antiques de Narbonne depuis 2007 (UMR 5140 - Archéologie des sociétés méditerranéenne), il a participé de 2009 à 2012 au programme ANR Gezira, "L’occupation humaine dans le Delta du Nil au 4ème millénaire Archéologie et environnement" (UMR 5133 – Archéorient / Institut Français d’Archéologie Orientale).
    Depuis 2013 il a rejoint l’École normale supérieure en tant qu’ingénieur d’études cartographe au pôle Humanités Numériques du labex TransferS. Il met alors ses compétences au service de l’ensemble des laboratoires de lettres et sciences et humaines de l’ENS en s’attachant à développer les solutions cartographiques les plus adaptées aux différents corpus étudiées, qu’il s’agisse de la circulation des émissions monétaires ou des concepts juridiques, de l’étude d’une villa pompéienne ou du marché de l’art parisien ou encore de la diffusion des textes sous l’effet de leur traduction.


    Projets en humanités numériques

    DOI : 10.57976/digithum.po.n5kw-4e78

  • Agnès Tricoche
    Ingénieure d'études CNRS
    Responsable des bases de données au pôle Humanités Numériques du labex TransferS
    Rattachée au laboratoire Pays Germaniques, UMR 8147 – ENS Paris
    En savoir plus en 3 questions | 14/02/2018

    Quel est votre parcours scientifique et technique ? Après des études en Histoire et deux années d’enseignement dans le secondaire, j’ai préparé une thèse de doctorat en Histoire et Archéologie des mondes anciens (2004-2007), qui m’a conduite à m’intéresser aux bases de données pour le traitement de mes propres corpus. Formée dans mon laboratoire de rattachement ArScAn, j’ai été rapidement amenée à concevoir des bases de données pour différents projets archéologiques, dans le cadre de stages, puis de contrats, de missions à l’étranger (en Egypte et en Grèce), ainsi que pour mes recherches postdoctorales.
    J’ai rejoint le CNRS fin 2012, après avoir exercé dans ce domaine pendant plusieurs années en tant qu’auto-entrepreneuse, auprès de laboratoires SHS du CNRS (Paris, Nanterre, Strasbourg, Lyon, Aix-Marseille). Désormais officiellement rattachée à l’UMR Pays Germaniques (CNRS-ENS), unité porteuse du labex TransferS, j’occupe depuis lors le poste de responsable des bases de données scientifiques au sein du pôle Humanités Numériques de ce labex.

    Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? Tout dépend de ce qu’on entend par humanités numériques ! Au quotidien, mon rôle est de concevoir et développer des bases de données pour la recherche en sciences humaines et sociales, de construire des outils de saisie, de consultation et d’analyse, de structurer les données, fabriquer des modèles conceptuels efficients, proposer des solutions de mutualisation pour des corpus présentant des similitudes et de mettre en œuvre la diffusion publique des données. À ce titre, je m’inscris dans le processus associant les humanités et le numérique, dans le but d’optimiser le potentiel d’exploitation et d’analyse des données scientifiques. C’est sous cette acception technique que le pôle Humanités Numériques du labex TransferS a été créé en 2013, même si les humanités numériques sont de plus en plus érigées au rang de champ disciplinaire à part entière, susceptible de révolutionner les perspectives d’ouverture, de partage et de valorisation du savoir.
    Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? Il y a une tendance de plus en plus prégnante à vouloir s’émanciper du paradigme classique des bases de données relationnelles, au profit de modèles plus souples et plus modulaires. Je pense notamment à NoSQL, qui vise justement à s’en écarter, et plus encore aux formats et méthodes tout droit issus du Web sémantique (modèle RDF, ontologie SKOS pour représenter des thesaurus, etc.), dont l’objectif consiste plus largement à favoriser la sémantisation et l’interopérabilité des données par l’usage de normes et de standards. Cela va de pair avec l’émergence de nouveaux outils de traitement et de publication de données sur le Web, plus ou moins complexes à manipuler, mais toujours plus nombreux.
    Pour un architecte de bases de données, cela implique d’adapter, et parfois de renouveler ses compétences et ce, dans des domaines encore en construction. Avec des projets scientifiques de plus en plus tournés vers la diffusion quasi immédiate des corpus étudiés, l’un des enjeux de demain, déjà très présent aujourd’hui, sera de savoir percevoir très tôt, parmi les multiples méthodes et outils à disposition, ceux qui apporteront le plus de bénéfices selon le corpus considéré et les résultats attendus.


    Recrutée au CNRS en décembre 2012 en tant qu'assistante ingénieure, Agnès Tricoche est désormais ingénieure d'études au laboratoire d'archéologie AOROC.

    Projets en humanités numériques

    DOI : 10.57976/digithum.po.51re-8b83

  • Marie-Laure Massot
    Ingénieure d’études CNRS en sciences humaines et sociales
    Valorisation scientifique et éditoriale de corpus en histoire des sciences et philosophie
    CAPHÉS, UMS 3610, CNRS – ENS Paris
    En savoir plus en 3 questions | 19/02/2018

    Quel est votre parcours scientifique et technique ? Après une maîtrise en philosophie, j’ai occupé plusieurs postes administratifs dans des laboratoires scientifiques du CNRS. Cette expérience m’est très précieuse aujourd’hui pour répondre à des appels d’offres et pour gérer des projets. Depuis 2004, je travaille au sein de l’unité mixte de service CAPHÉS où je me suis formée dans le domaine de l’édition papier, puis numérique. Mon métier consistant à soutenir les chercheurs dans leurs travaux scientifiques et éditoriaux et à organiser des journées d’études et des colloques en histoire des sciences, la transition du papier vers le numérique s’est faite tout naturellement, au rythme des projets et des chercheurs. Je m’intéresse depuis 2012 aux humanités numériques, après un séjour d’initiation au Centre des Humanités de Stanford où j’ai participé au projet Mapping the Republic of Letters (D’Alembert Case Studies). J’ai ainsi initié en 2014 un nouvel axe transversal au sein de mon laboratoire, l’Atelier Digit_Hum "Humanités numériques et valorisation de corpus" qui soutient scientifiquement et techniquement des projets d’édition et anime des journées d’études annuelles en humanités numériques à l’École normale supérieure, en collaboration avec Julien Cavero, cartographe au labex transferS.
    Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? Recrutée en 1999 au CNRS, mon activité professionnelle a considérablement changé depuis ces dernières années. L’édition papier portant sur les archives d’un auteur (Œuvres complètes de D’Alembert, puis de Canguilhem) a peu à peu cédé la place à des travaux s’appuyant sur des sources plus nombreuses et diversifiées, impliquant plus de collaborateurs, plus d’apprentissage de logiciels (par exemple, LaTeX pour l’édition numérique, Transkribus pour le traitement automatique des langues, ou bien INK et Palladio pour la visualisation) pour explorer de façon inédite les données. Cette variété des corpus à traiter, enrichir et éditer permet de travailler différemment et d’interagir avec des collègues d’autres disciplines, ce qui est très stimulant, mais aussi nécessite une forte adaptation des pratiques, de nombreuses formations et une veille professionnelle permanente. La formation aux technologies du numérique prend de plus en plus de temps sur mon travail quotidien.
    Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? Les humanités numériques offrent des opportunités exceptionnelles pour l’histoire des sciences et la philosophie, mais demandent un fort investissement de la part des personnels soutien à la recherche qui doivent s’adapter sans cesse à de nouvelles pratiques et à de nouveaux outils de travail. C’est bien sûr l’opportunité de faire évoluer sans cesse sa fonction pour l’ingénieur, mais c’est aussi une source d’inquiétude liée à la nécessité de toujours rester en veille sur les nouvelles technologies et de se former et s’adapter sans cesse. Garder un équilibre entre les connaissances disciplinaires et les compétences techniques devient à mon avis un véritable challenge.

    Projets en humanités numériques

    DOI : 10.57976/digithum.po.3djh-7y54

  • Ecdo-Tech
    Équipe d'ingénieurs CNRS en analyse de sources : Laurent Capron, ingénieur d’études - Julie Giovacchini, ingénieure de recherche - Sébastien Grignon, ingénieur de recherche
    Centre Jean Pépin, UMR 8230, CNRS – ENS Paris
    En savoir plus en 3 questions | 21/02/2018

    Dans quel contexte votre équipe a-t-elle été créée ? Nous sommes tous trois membres du projet IPhiS (base de donnée bibliographique sur l’histoire des éditions de textes littéraires gréco-latins, dont l’interface publique est en cours de développement), et partageons le même intérêt pour la transmission des textes et l'étude des manuscrits. Lorsque notre laboratoire est devenu, en 2015, une UMR associée à l'ENS, il nous a paru important de proposer un enseignement méthodologique sur les outils numériques déjà à disposition des chercheurs ou en plein développement, et qui renouvellent notre approche de l'ecdotique. Le projet "Marcianus", qui vise à l'édition en ligne d'un manuscrit conservé à Venise, est pour nous un véritable laboratoire: il appartient à une tradition plus large et assez bien documentée de l'enseignement de la littérature grecque classique au XIVe siècle byzantin; il contient plusieurs anthologies aux transmissions complexes et accompagnées de commentaires grammaticaux parfois inédits.
    Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? Avec le développement du projet "Marcianus", la place des humanités numériques est devenue centrale dans notre activité : il ne s'agit plus seulement d'utiliser des outils informatiques à disposition pour l'étude du manuscrit, mais d'en enseigner le fonctionnement, d'en faire découvrir les multiples applications et les limites encore existantes, et de nous interroger sur les outils qui pourraient être développés pour améliorer le travail d'édition numérique des manuscrits.
    Pour ce projet ainsi que pour les autres projets numériques portés par notre laboratoire de rattachement nous tentons également de développer une approche éthique du numérique : soutien du libre accès, souci de la pérennité des données, approches collaboratives. Notre carnet de recherche "L’information philologique" (iphi.hypotheses.org) accueille ainsi régulièrement des billets consacrés à l’actualité institutionnelle et politique des humanités numériques pour les Sciences de l’Antiquité.

    Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? L'édition numérique de manuscrits anciens et leur encodage en TEI/XML sont des travaux qui prennent actuellement un essor significatif. L'un des enjeux des prochaines années sera donc de travailler à une unification des méthodes d'édition en ligne afin de créer de vastes corpus de manuscrits interrogeables. Mais cette évolution n'aura lieu que si des outils sont développés en ce sens, qui permettront la saisie standardisée des contenus de manuscrits variés, ainsi que des explorations profondes de ces transcriptions, au-delà des possibilités actuelles des visualisations numériques.

    Projets en humanités numériques

    DOI : 10.57976/digithum.po.vmb4-0h86

  • Carlo Maria Zwölf
    Ingénieur de recherche CNRS
    Expert en diffusion et partage des données de recherche, directeur exécutif du consortium Virtual Atomic and Molecular Data Centre. Observatoire de Paris - LERMA Paris Astronomical Data Centre
    En savoir plus en 3 questions | 6/03/2018

    Quel est votre parcours scientifique et technique ? Après une maîtrise en physique fondamentale et un DEA en mathématiques et simulation appliquées à la physique, j’ai réalisé une thèse de doctorat en mathématiques appliquées et méthodes numériques (2004-2007) au cours de laquelle je mes suis rapproché de l’informatique. Au cours d’une expérience de trois ans dans le secteur privé j’ai pu approfondir mes connaissances informatiques en programmation orientée objet, patron de conception et architecture logicielle des systèmes d’information.
    J’ai rejoint l’Observatoire de Paris en 2010 où je travaille à la diffusion de données de recherche et à leur interopérabilité. Dans ce cadre j’ai créé la grammaire "Parameter Description Language" devenue un standard de l’International Virtual Observatory Alliance. Je suis directeur exécutif du consortium VAMDC (pour la diffusion des données de physique atomique et moléculaire). Je suis membre actif de la Research Data Alliance.

    Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? Depuis un peu plus d’un an, au sein de PSL, j’ai commencé à travailler avec une équipe d’ethnographes du Centre Maurice Halbwachs dans le cadre de l’Initiative de Recherche Interdisciplinaire et Stratégique Science de Données, Données de la science. Les problèmes liés à la gestion, diffusion, protection, citation des données de recherche sont interdisciplinaires. Les solutions et bonnes pratiques peuvent être transposées d’un domaine à l’autre. Sur cette base, je contribue à la réflexion pour la refonte de l’archive ArchEthno.
    Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? Il est difficile de répondre à ce type de question tellement les évolutions sont rapides. Il est possible qu’une nouvelle technologie puisse révolutionner subitement le paysage des données de recherche de façon inattendue (pensons à ce qui s’est passé dans la téléphonie avant/après la commercialisation des Smartphones !). Je peux cependant esquisser ce que nous sommes en train d’essayer de construire au niveau européen pour la prochaine décade (par exemple au sein de l’initiative C2CAMP) et de la Research Data Alliance : un paysage où les données de recherche seront auto-consistantes et embarqueront suffisamment "d’intelligence" pour automatiser les procédures de fouilles, découverte, comparaison/cross-matching et de citation. Une partie du travail de recherche pourra quasiment être déléguée à des objets numériques intelligents.

    Projets en humanités numériques

    DOI : 10.57976/digithum.po.azt7-kj29

  • Frédérique Mélanie
    Ingénieure d’études CNRS
    Ingénieure en traitement et analyse des données, BAP D
    CNRS Lattice, UMR 8094, CNRS – ENS Paris
    En savoir plus en 3 questions | 15/03/2018

    Quel est votre parcours scientifique et technique ? J’ai suivi une formation universitaire littéraire et obtenu un DESS de lexicographie et terminographie. Lors de cette dernière année universitaire, j’ai été particulièrement sensibilisée au format des données, à leur structuration. Pour valider mon DESS, j’ai fait un stage dans une start-up qui développait un moteur de recherche. Durant ce stage, j’ai travaillé à l’enrichissement du thésaurus et des grammaires utilisés à la base du moteur de recherche. J’ai ensuite rejoint le CNRS comme ingénieure en traitement et analyse des données, tout d’abord au Limsi (Laboratoire d'informatique pour la mécanique et les sciences de l'ingénieur) puis au Lattice (Laboratoire Langues, textes, traitements informatiques, cognition) où je suis actuellement en poste. Je travaille à la constitution de corpus, à la préparation et à l'enrichissement de données, à leur valorisation et à leur pérennisation.
    Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? Le terme humanités numériques est actuellement très utilisé et souvent galvaudé. S’il est facile de dire ce qu’elles ne sont pas, il est bien plus compliqué de dire ce qu’elles sont, tant les domaines d’application et les types de données sont variables : données brutes ou enrichies, données analysées manuellement ou automatiquement, textes informatiques ou manuscrits, etc. Les humanités numériques ne sont pas le simple dépôt de données sur le web. Cette définition est le point de départ de mon travail, de mes collaborations avec les chercheurs, professeurs et ingénieurs. Les humanités numériques sont la mise en ligne de données en vue de les valoriser. Il est donc nécessaire dès la mise en place d’un projet à visée numérique de penser les données telles que l’on souhaite les valoriser et de penser au public concerné. Les données seront-elles mises à disposition d'une communauté de spécialistes ou de non spécialistes ?
    Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? L’informatique est partout, à la portée de tous. Il est bien plus facile aujourd’hui d’installer un logiciel sur son ordinateur que ça ne l’était il y a encore quelques dizaines d’années. L’informatique est enseignée aux plus jeunes, parfois dès le primaire. Je pense que les humanités numériques vont suivre cette même évolution. Si de nombreuses formations universitaires incluent les humanités numériques, une mention "humanités numériques et scientifiques" est envisagée au baccalauréat. Les logiciels et portails clef-en-main pour la mise en ligne de données se développent. Ils sont divers et variés, spécifiques à une tâche et à un type de valorisation. S’il faut encore actuellement être un initié pour parvenir à s’en emparer et les appliquer, je pense que ceux-ci vont se démocratiser.

    Projets en humanités numériques

    DOI : 10.57976/digithum.po.fz24-x962

  • Claire Riffard
    Ingénieure de recherche CNRS
    Gestionnaire de projets de recherche - Responsable de l’équipe Manuscrits francophones de l'ITEM
    CNRS ITEM, UMR 8132, CNRS – ENS Paris
    En savoir plus en 3 questions | 28/03/2018

    Quel est votre parcours scientifique et technique ? Entre 2000 et 2002, j’ai été enseignante de lettres modernes au lycée français d’Antananarivo où j’ai découvert les auteurs malgaches, en particulier le poète Jean-Joseph Rabearivelo. J’ai soutenu en 2006 une thèse sur les manuscrits bilingues de ce poète. Dans le prolongement de cette première recherche, Pierre-Marc de Biasi m'a invitée à participer à la création de l'équipe “Manuscrits francophones” de l'ITEM, dans laquelle j’ai développé des programmes d’étude et d’édition des manuscrits de Sony Labou Tansi, Ahmadou Kourouma, Albert Memmi, Aimé Césaire, etc. La complexité du dialogue analyse/édition au cœur de cette recherche m’a conduite à me former aux techniques d’édition numérique et aux enjeux des humanités numériques.
    Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? L’interaction entre recherche en littérature et humanités numériques est quotidienne, puisque le format de visualisation des données de la recherche influe sur la recherche elle-même.
    L’équipe scientifique est en contact régulier avec l’informaticien qui crée le site internet lié au projet. Ses questions nous amènent à modifier parfois sensiblement le contenu du projet, dont la dimension publique est essentielle.
    Le projet évolue donc dans une négociation constante entre objectifs scientifiques et potentialités numériques.

    Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? Je suppose que les chercheurs en littérature auront tous acquis des compétences en éditorialisation numérique. Les capacités d’affichage et de communication des humanités numériques seront largement exploitées.
    Le temps sera sans doute venu alors de penser ensemble, scientifiques et ingénieurs, un dialogue collégial entre sciences humaines et humanités numériques, qui permettrait aux savoirs-faire de converger vers un véritable approfondissement de la recherche.


    Projets en humanités numériques

    DOI : 10.57976/digithum.po.1e5b-5k34

  • Centre documentaire, CAPHÉS
    Nathalie Queyroux : ingénieure de recherche, responsable du Centre documentaire du CAPHÉS (IR). David Denéchaud : assistant de ressources documentaires (AI)
    CAPHÉS, UMS 3610, CNRS – ENS Paris
    En savoir plus en 3 questions | 20/09/2018

    Dans quel contexte votre équipe a-t-elle été créée ? En 2003, le CNRS et l’ENS (Paris) ont décidé de s’associer pour valoriser l’histoire et la philosophie des sciences. Une UMS du CNRS dédiée à l’édition de deux revues, la Revue d’histoire des sciences et la Revue de synthèse, également à l’édition d’œuvres complètes et de collections, a vu son périmètre élargi par la création d’un Centre documentaire pour former une nouvelle unité, le Centre d’archives en philosophie, histoire et édition des sciences (CAPHÉS). À partir de 2005, le Centre documentaire a eu pour mission de rassembler des fonds déjà existants en histoire et philosophie des sciences, fonds de personnalités scientifiques au sens large et d’associations scientifiques et sociétés savantes. C’est dans ce cadre que nous avons tous les deux été recrutés par concours pour mettre en œuvre ce nouveau centre documentaire localisé à l’ENS.
    Chargés de la mise valeur aussi bien de bibliothèques personnelles que d’archives de chercheurs, nous avons développé des compétences dans le traitement et la valorisation d’archives. C’est pourquoi en 2014, une nouvelle mission nous a été confiée définie par l’axe "Archives de la recherche". Cet axe regroupe les collaborations et les projets que nous menons en partenariat – au sein de l'ENS (en relation avec des unités de recherche, au sein du réseau des bibliothèques), en relation avec les structures documentaires de PSL, ou encore au niveau national notamment à travers la participation à des réseaux professionnels. Concrètement, il consiste en un partage de compétences, en actions de sensibilisation à l’exploitation des fonds d’archives, enfin, à la mise en œuvre d’enquêtes audiovisuelles.

    Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? Notre travail "historique" consiste à signaler des ressources documentaires via des catalogues (bibliographiques ou archivistiques). De la même façon que le passage du catalogue sur fiches papier au catalogue informatisé a nécessité une réflexion collective sur les formats de catalogage et une homogénéisation des pratiques, le passage à l’ère du web sémantique incite les bibliothèques à redéfinir les normes de catalogage en fonction de nouveaux vocabulaires (RDF, FRBR, Dublin Core…). Le travail collaboratif et la réflexion sur les données, qui n’est pas nouveau au sein des bibliothèques, est devenu aujourd’hui incontournable pour la visibilité de nos ressources face à l’explosion de l’information sur internet. La structuration des données documentaires se fait maintenant grâce à des méthodes et langages utilisés dans d’autres domaines et devient prépondérante dans les projets d’humanités numériques.
    Pour valoriser ses collections, celles de l’ENS et des ressources en histoire et philosophie des sciences et des techniques au niveau national, nous utilisons l’outil Omeka, logiciel d’édition de contenus et de gestion de bibliothèque numérique mis à disposition par le Roy Rosenzweig Center for History and New Media, sous licence libre. Les contenus sont décrits dans le langage Dublin Core et sont organisés dans un environnement de travail intuitif. Nous avons ainsi participé à l’élaboration et à la mise en place de trois projets numériques : deux projets relatifs à la mise en valeur de fonds documentaires et le troisième dédié au recensement de fonds dispersés en France métropolitaine.

    L’objectif de la plateforme Omeka consacrée au fonds Gérard Simon était de valoriser le corpus d’un chercheur d’une manière originale en rassemblant sur un espace dédié le référencement de toutes les ressources habituellement disséminées dans différentes bases de données (archives, articles, livres, vidéos) et d’en enrichir le parcours par une présentation synthétique. Ce projet scientifique et documentaire s’est doublé d’un projet pédagogique, permettant à un étudiant de master de rédiger cette présentation, relue et validée par des spécialistes du domaine.
    Le plugin Exhibit Builder d’Omeka a également permis de pérenniser et rendre accessible au plus grand nombre l’exposition temporaire (organisée en 2016) des archives du prix Nobel de physique Alfred Kastler conservées à la Bibliothèque des sciences expérimentales de l’ENS.
    Enfin, dans le cadre des activités que nous menons au sein du réseau professionnel HiPhiSciTech, nous avons participé à la conception et à la mise en œuvre de la plate-forme numérique RHPST, chargée de recenser et (géo)localiser tous les fonds conservés en France susceptibles d’être utiles pour les historiens et philosophes des sciences et des techniques. Il s’agit d’une plate-forme collaborative, qui, comme celle dédiée à Gérard Simon, bénéficient d’un hébergement par la TGIR Huma-Num.

    Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? Le développement des données numériques augmente de façon exponentielle. Pour pouvoir être exploitables, accessibles, visibles, celles-ci doivent être bien décrites, et le bibliothécaire-archiviste devra maîtriser les vocabulaires du web sémantique et les formats associés.
    La maîtrise des métadonnées et des formats de fichiers est encore plus importante pour la préservation à long terme des archives numérisées ou des données nativement numériques. Les techniques de conservation, qui s’appuyaient jusque-là sur des critères physico-biologiques deviennent maintenant aussi informatiques.
    Les projets d’humanités numériques, utiles à la valorisation de ce patrimoine, exploiteront ces données mais aussi des outils et méthodes de communication, de visualisation, de pédagogie pour les rendre plus attractifs. Cela imposera au bibliothécaire-archiviste d’exercer une veille efficace et permanente dans un contexte en constante évolution.


    Projets en humanités numériques

    DOI : 10.57976/digithum.po.m19y-ec72

  • Marine Laffont
    Bibliothécaire Assistant Spécialisé
    Chargée de mission Accès Ouvert
    ENS Paris - Bibliothèque Ulm-Jourdan / Bibliothèque de mathématiques et informatique
    En savoir plus en 3 questions | 01/03/2019

    Quel est votre parcours scientifique et technique ? Après un master en Histoire des Mondes Modernes et Contemporains et une année spéciale en IUT Métiers du livre pour professionnaliser mon parcours, j’ai travaillé pour l’un des centres de ressources documentaires de l’ESPE d’Aquitaine. Lauréate du concours de Bibliothécaire Assistant Spécialisé, j’ai été recruté à l’ENS où je travaille dans deux services : la bibliothèque des Lettres et Sciences Humaines et Sociales et la Bibliothèque de Mathématiques et Informatique. Depuis 2017, je suis chargée de mission Accès Ouvert pour le réseau des bibliothèques de l’ENS. Cette mission a pour objectif de sensibiliser la communauté normalienne à la question de l’Accès Ouvert (ou Open Access). Ma position entre les deux bibliothèques est un avantage conséquent car elle me permet d’avoir un bon aperçu de la multitude de problématiques rencontrées par les chercheurs ainsi que leurs différentes méthodes de recherche et de publication qui différent beaucoup selon que l’on se situe en Littérature - Sciences Humaines et Sociale ou en Sciences.
    Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? Outre le travail en relation avec l’Atelier Digit_Hum (accompagnement pour la mise en place d’une collection sur l’archive ouverte HAL afin de valoriser la production scientifique des Ateliers), les humanités numériques proprement dites se situent plutôt en périphérie de mes missions. Si l’on se réfère au manifeste des Digital Humanities, il est écrit : « Nous lançons un appel pour l’accès libre aux données et aux métadonnées. Celles-ci doivent être documentées et interopérables, autant techniquement que conceptuellement ». Mon travail consiste essentiellement dans un accompagnement des chercheurs en faveur de cette ouverture. Cela passe par la mise en place de formation pour les sensibiliser à la Science Ouverte ou au dépôt des données de la recherche dans des archives ouvertes.
    Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? Le mouvement de l’Accès Ouvert est né il y a plus de 10 ans. Malgré les avantages de ce mode de diffusion pour les chercheurs, tous ne les connaissent pas encore. Par ailleurs, l’Accès Ouvert est sans cesse en renouvellement. Si hier le mouvement se focalisait sur les articles et ouvrages, aujourd’hui les données de la recherche, les logiciels, le format d’écriture de la recherche sont aussi concernés par ce que l’on appelle désormais la Science Ouverte. Depuis 2 ans, une prise de conscience politique a permis d’accélérer le mouvement avec notamment la mise en place de la Loi pour une République Numérique et des projets, à terme, d’obligation de dépôt dans les archives ouvertes. Cette prise de conscience s’accompagne d’un constat : l’obligation de faire évoluer les modes d’évaluation de la recherche et de réinventer les modes de diffusion de ses résultats. Un vaste chantier qui ne sera probablement pas terminé dans 10 ans !

    DOI : 10.57976/digithum.po.298p-8f77

  • Clément Plancq
    Ingénieur d’études CNRS
    Ingénieur en développement et déploiement d’applications
    LATTICE, UMR 8094, CNRS - ENS Paris
    En savoir plus en 3 questions | 11/03/2019

    Quel est votre parcours scientifique et technique ? J’ai eu un cursus universitaire un peu sinueux qui m’a mené à l’INALCO où j’ai suivi la formation de traitement automatique des langues (TAL). Cela s’est soldé par un DESS d’Ingénierie Multilingue (aujourd’hui master 2). J’ai travaillé brièvement dans le privé puis j’ai intégré le CNRS à la fin de l’année 2004 en tant qu’ingénieur d’études en développement. J’ai d’abord travaillé pour deux laboratoires de linguistique (LLF et HTL) rattachées au CNRS et à l’université Paris Diderot. En 2015 j’ai rejoint le Lattice où les activités scientifiques portent sur la linguistique, le TAL et les humanités numériques.
    Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? Quand j’aide un chercheur à publier un dictionnaire électronique d’une langue rare, est-ce que je fais des humanités numériques ? Je ne sais pas. La linguistique ne fait pas partie des humanités mais l’étude des langues oui, enfin le plus souvent.
    Mon travail porte principalement sur des données textuelles. Les objets scientifiques de la linguistique et des Humanités Numériques diffèrent mais les traitements opérés sur les données et les outils que je peux utiliser sont très proches. Humanités numériques ou non, ce n’est pas toujours évident de trancher. Tout dépend des projets et des collègues avec lesquels je travaille.

    Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? J’imagine que le déluge de données auquel nous sommes confrontés aujourd’hui ne se sera pas tari d’ici là mais que les outils informatiques pour traiter ces données seront consolidés. Je pense surtout aux technologies de type machine learning et deep learning ; elles deviennent incontournables aujourd’hui mais pas encore totalement intégrées aux outils des humanités numériques.
    D’ici 10 ans les étudiants directement formés aux humanités numériques seront nos collègues chercheurs et ingénieurs. Je ne doute pas qu’ils et elles apporteront un vent nouveau dans la discipline et qu’il sera moins question de définir ce que sont les humanités numériques que de les faire avancer vers de nouveaux horizons.


    Projets en humanités numériques

    DOI : 10.57976/digithum.po.xt91-ny59




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