Quel est votre parcours scientifique et technique ?
J’ai suivi une formation universitaire littéraire et obtenu un DESS de lexicographie et terminographie. Lors de cette dernière année universitaire, j’ai été particulièrement sensibilisée au format des données, à leur structuration. Pour valider mon DESS, j’ai fait un stage dans une start-up qui développait un moteur de recherche. Durant ce stage, j’ai travaillé à l’enrichissement du thésaurus et des grammaires utilisés à la base du moteur de recherche. J’ai ensuite rejoint le CNRS comme ingénieure en traitement et analyse des données, tout d’abord au Limsi (Laboratoire d'informatique pour la mécanique et les sciences de l'ingénieur) puis au Lattice (Laboratoire Langues, textes, traitements informatiques, cognition) où je suis actuellement en poste. Je travaille à la constitution de corpus, à la préparation et à l'enrichissement de données, à leur valorisation et à leur pérennisation.
Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ?
Le terme humanités numériques est actuellement très utilisé et souvent galvaudé. S’il est facile de dire ce qu’elles ne sont pas, il est bien plus compliqué de dire ce qu’elles sont, tant les domaines d’application et les types de données sont variables : données brutes ou enrichies, données analysées manuellement ou automatiquement, textes informatiques ou manuscrits, etc. Les humanités numériques ne sont pas le simple dépôt de données sur le web. Cette définition est le point de départ de mon travail, de mes collaborations avec les chercheurs, professeurs et ingénieurs. Les humanités numériques sont la mise en ligne de données en vue de les valoriser. Il est donc nécessaire dès la mise en place d’un projet à visée numérique de penser les données telles que l’on souhaite les valoriser et de penser au public concerné. Les données seront-elles mises à disposition d'une communauté de spécialistes ou de non spécialistes ?
Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ?
L’informatique est partout, à la portée de tous. Il est bien plus facile aujourd’hui d’installer un logiciel sur son ordinateur que ça ne l’était il y a encore quelques dizaines d’années. L’informatique est enseignée aux plus jeunes, parfois dès le primaire. Je pense que les humanités numériques vont suivre cette même évolution. Si de nombreuses formations universitaires incluent les humanités numériques, une mention "humanités numériques et scientifiques" est envisagée au baccalauréat. Les logiciels et portails clef-en-main pour la mise en ligne de données se développent. Ils sont divers et variés, spécifiques à une tâche et à un type de valorisation. S’il faut encore actuellement être un initié pour parvenir à s’en emparer et les appliquer, je pense que ceux-ci vont se démocratiser.
Projets en humanités numériques
Frédérique Mélanie Projets en humanités numériques
Democrat
Description et Modélisation des Chaînes de Référence
Coordination scientifique : Frédéric Landragin (LATTICE - UMR 8094), Catherine Schnedecker (Université de Strasbourg, LiLPa - EA 1339) & Céline Guillot-Barbance (ENS de Lyon, ICAR/IHRIM - UMR 5317)
Mapping the Bentham corpus (projet soutenu par PSL, avec UCL)
Cartographie du fonds Bentham de University College London (UCL)
Coordination scientifique : Thierry Poibeau (LATTICE - UMR 8094)
EITAB
Extraction automatique d'informations textuelles pour alimenter des bases de données
Coordination scientifique : Katherine Gruel (AOROC - UMR 8546)
Espace, Temps, Existence
Enrichissement de la base de données ParaSol (A Parallel Corpus of Slavic and other languages)
Coordination scientifique : Laure Sarda (LATTICE - UMR 8094) & Anne Carlier (Université de Lille 3, STL - UMR 8163)
Dictionnaire des verbes du français actuel. Constructions, emplois, synonymes. L.S. Florea, C.Fuchs, F. Mélanie-Becquet, 2013, Ophrys
Mise en place de la base de données des verbes du Dictionnaire
Coordination scientifique : Ligia-Stela Florea (Université de Cluj-Napoca) & Catherine Fuchs (LATTICE - UMR 8094)
10.57976/digithum.po.fz24-x962