Portraits


Humanités numériques en dialogue


Marie-Laure Massot
Publication :
19/02/2018




Ingénieure d’études CNRS en sciences humaines et sociales
Valorisation scientifique et éditoriale de corpus en histoire des sciences et philosophie
CAPHÉS, UMS 3610, CNRS – ENS Paris


Quel est votre parcours scientifique et technique ? Après une maîtrise en philosophie, j’ai occupé plusieurs postes administratifs dans des laboratoires scientifiques du CNRS. Cette expérience m’est très précieuse aujourd’hui pour répondre à des appels d’offres et pour gérer des projets. Depuis 2004, je travaille au sein de l’unité mixte de service CAPHÉS où je me suis formée dans le domaine de l’édition papier, puis numérique. Mon métier consistant à soutenir les chercheurs dans leurs travaux scientifiques et éditoriaux et à organiser des journées d’études et des colloques en histoire des sciences, la transition du papier vers le numérique s’est faite tout naturellement, au rythme des projets et des chercheurs. Je m’intéresse depuis 2012 aux humanités numériques, après un séjour d’initiation au Centre des Humanités de Stanford où j’ai participé au projet Mapping the Republic of Letters (D’Alembert Case Studies). J’ai ainsi initié en 2014 un nouvel axe transversal au sein de mon laboratoire, l’Atelier Digit_Hum "Humanités numériques et valorisation de corpus" qui soutient scientifiquement et techniquement des projets d’édition et anime des journées d’études annuelles en humanités numériques à l’École normale supérieure, en collaboration avec Julien Cavero, cartographe au labex transferS.
Quelle place occupent les humanités numériques dans votre travail au quotidien ? Recrutée en 1999 au CNRS, mon activité professionnelle a considérablement changé depuis ces dernières années. L’édition papier portant sur les archives d’un auteur (Œuvres complètes de D’Alembert, puis de Canguilhem) a peu à peu cédé la place à des travaux s’appuyant sur des sources plus nombreuses et diversifiées, impliquant plus de collaborateurs, plus d’apprentissage de logiciels (par exemple, LaTeX pour l’édition numérique, Transkribus pour le traitement automatique des langues, ou bien INK et Palladio pour la visualisation) pour explorer de façon inédite les données. Cette variété des corpus à traiter, enrichir et éditer permet de travailler différemment et d’interagir avec des collègues d’autres disciplines, ce qui est très stimulant, mais aussi nécessite une forte adaptation des pratiques, de nombreuses formations et une veille professionnelle permanente. La formation aux technologies du numérique prend de plus en plus de temps sur mon travail quotidien.
Comment imaginez-vous votre discipline dans dix ans ? Les humanités numériques offrent des opportunités exceptionnelles pour l’histoire des sciences et la philosophie, mais demandent un fort investissement de la part des personnels soutien à la recherche qui doivent s’adapter sans cesse à de nouvelles pratiques et à de nouveaux outils de travail. C’est bien sûr l’opportunité de faire évoluer sans cesse sa fonction pour l’ingénieur, mais c’est aussi une source d’inquiétude liée à la nécessité de toujours rester en veille sur les nouvelles technologies et de se former et s’adapter sans cesse. Garder un équilibre entre les connaissances disciplinaires et les compétences techniques devient à mon avis un véritable challenge.


Projets en humanités numériques

10.57976/digithum.po.3djh-7y54